Un nouveau passe-temps

1869-1880

 

Article de journal de juin 1869 déclarant que la baseball, récemment introduit à Montréal, allait sûrement prendre racines.

Le premier véritable club de baseball de Montréal fut le Montreal Base Ball Club (MBBC), fondé en 1869 avec l’aide d’un montréalais vivant à New York, John Horn. Plus un club social que sportif, le club ne joue qu’une demi-douzaine de parties lors de sa première saison mais organise des réunions de ses membres régulièrement. Sa première partie est jouée au mois de juin 1869 au Montréal Cricket Grounds. Suivant l’exemple du MBBC, un club affilié au Collège Ste-Marie voit le jour puis un autre composé d’employés d’une manufacture de verre, le St-Lawrence. Au mois d’août, quatre clubs sont en activité à Montréal et Horn invite le MBBC à se rendre dans la métropole américaine pour jouer contre les meilleurs clubs newyorkais de l’heure. Bien qu’alléchante, l’invitation sera refusée.

Le 20 août 1870, le club de Horn, le Knickerbocker de Brooklyn, débarque à Montréal pour jouer une partie contre le MBBC. Trop fort, il inflige une défaite de 51 à 22 aux Montréalais. C’est la première rencontre internationale de baseball à Montréal. Le 29 août 1872, les fameux Red Stockings de Boston en tournée dans l’est du Canada jouent à leur tour contre le MBBC et le défait par 63 à 3. Les Bostonnais comptent trois futurs membres du temple de la renommée du baseball en leur rang, George et Harry Wright ainsi que le lanceur Albert Spalding. Entre-temps, les autres équipes de Montréal se disputent les honneurs du championnat de la province avec des clubs de l’extérieur de la ville. Le Ste-Marie est sacré champion en 1870 et 1871, l’équipe du Collège de St-Laurent en 1872. À ce moment, la plupart des joueurs de baseball de la ville sont anglophones.

Le Montreal Base Ball Club en 1870, premier véritable club de baseball à Montréal.

Il faut attendre l’année 1873 pour voir un premier club strictement francophone être formé à Montréal. Composé de membres de l’Union des typographes, le club « Jacques Cartier » voit le jour au début de mai. Le club avait la ferme intention de défier les meilleurs clubs américains mais il se résigne toutefois à jouer des parties entre ses propres membres tout au long de l’été! Les années qui suivent voient le baseball gagner graduellement en popularité. En 1876, une association de joueurs de baseball existe à Montréal alors que l’année suivante pas moins de 14 clubs sont en activité dans la ville. Les joueurs montréalais sont alors pour la plupart de jeunes professionnels ou des commerçants. Les membres de la bourgeoisie montréalaise s’en préoccupe un peu alors que les ouvriers brillent par leur absence.

Partie de baseball sur l’Île-Sainte-Hélène mettant au prises les membres du club Jacques-Cartier, le premier club de baseball francophone de Montréal.

L’intérêt pour le baseball à Montréal est palpable mais l’engouement demeure mitigé. Plusieurs historiens ont cru à tord que les anglophones de Montréal, trop british, ne pratiquait pas le baseball parce que c’était un sport typiquement américain. Rien n’est plus faut puisque les ancêtres du baseball étaient tous d’origine britannique et que la plupart des immigrants issus du Royaume-Unis avait possiblement pratiqué une forme ou une autre de jeux de balles dans leur jeunesse. La véritable raison de la longue implantation du baseball dans la métropole demeure que la crosse, alors reconnu comme sport national du Canada, prend toute la place dans le monde sportif montréalais. Le baseball, nouvellement introduit, est un sport marginal tout au long des années 1870. Mais tout cela allait bientôt changer.

Prochaine période →