Une affaire sérieuse

1881-1894

 

Étudiants du Collège Sainte-Marie de Montréal jouant à la balle.

Au tournant des années 1880, le baseball à Montréal est toujours moins populaire que la crosse. Les joueurs qui le pratiquent sont encore principalement anglophones, bien que l’on commence à retrouver des francophones au sein des clubs de la métropole. Ainsi près du quart des joueurs de la ville sont maintenant francophones. Le club Canadien est le club francophone le plus réputé de Montréal se battant fréquemment pour le championnat des clubs de la ville. Le baseball jouit également d’une popularité incontestée parmi les étudiants des collèges classiques. Plusieurs joueurs qui y sont formés connaîtront plus tard de belles carrières au sein des clubs de baseball amateurs de la ville. Le baseball entre lentement mais sûrement dans les moeurs des montréalais.

À partir de 1884, le baseball connait son premier âge d’or à Montréal. Le quotidien The Gazette commence alors à étendre sa couverture du baseball, à un point tel qu’elle dépasse maintenant celle accordée à la crosse. La pratique du baseball, autrefois réservée aux professionnels et aux commerçants, fait son entrée parmi la classe ouvrière. Ainsi de nombreux clubs sont formés dans le quartier Pointe-Saint-Charles par des employés des ateliers du chemin de fer du Grand Tronc. Parmi ces clubs, le Beaver domine outrageusement la scène du baseball Montréalais entre 1884 et 1888. Mené par les frères Cuthbert, tous employés par le Grand Tronc, le Beaver anéantit chaque équipe s’amenant sur son passage.

Signe des temps, la réputée Montreal Amateur Athletic Association (MAAA) décide en 1887 de créer un club de baseball et de commanditer une ligue, une première à Montréal, la Montreal Amateur Base Ball League au sein de laquelle son club joue avec les clubs Gordon et Clipper ainsi que le fameux Beaver. La ligue aura bien de la difficulté à faire respecter son statut strictement amateur. Les équipes voulant battre le Beaver commencent bientôt à engager et payer des joueurs, certains viennent même des États-Unis.

Joe Page, figure légendaire du baseball montréalais sur une période de près de 50 ans.

Parmi ceux-ci, un dénommé Joe Page arrive à Montréal en 1888. Originaire d’Angleterre mais ayant immigré à Chicago où il apprend les rudiments du baseball, il joint immédiatement les rangs du Clipper à son arrivée dans la métropole. En 1890, Page fonde le premier club entièrement professionnel à Montréal. Par la suite, on verra le nom de Page au sein des plus grandes équipes de Montréal. De joueur, il deviendra gérant, promoteur, dépisteur et journaliste. Il sera responsable de la venue des Royaux à Montréal et sera le premier membre montréalais de l’Association des chroniqueurs de baseball d’Amérique. Sa contribution à l’essor du baseball à Montréal lui vaudra de son vivant le titre de « père du baseball au Canada ».

Terrain du club de crosse Shamrock où des parties de baseball de la Ligue Eastern on été jouées en 1890.

Le baseball est en pleine effervescence dans la métropole. Montréal obtient sa première chance dans le baseball professionnel organisé américain alors que l’équipe de Buffalo de la Ligue Internationale déménage dans la métropole au mois de juin 1890. Composé uniquement de joueurs américains inconnus de la population montréalaise, l’équipe quitte une semaine plus tard pour Grand Rapids au Michigan. Peu de temps après, le club d’Hamilton, en difficulté financière, est déménagé à Montréal. L’équipe cesse ses opérations quelques semaines plus tard. Elle n’avait été victorieuse que trois fois en neuf rencontres et n’avait attiré qu’un nombre limité de spectateurs. Commence alors plusieurs années de stagnation qui verront le baseball retomber au rang de sport mineur.

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